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Les RENDEZ-VOUS SMLH 2023 du comité de St Nazaire : le temps des transitions

Publié le 23 janvier 2024

En 2023, le comité SMLH de Saint-Nazaire, associé à l’ONM - Ordre national du Mérite -, a centré le fil directeur de ses conférences, animées par des intervenants aux convictions fortes et porteuses d’espoir, sur les transitions : celles que nous vivons déjà, celle que nous vivrons demain.

Les enjeux sont écologiques et sociétaux. L’accélération du changement climatique, la chute de la biodiversité, la récente pandémie mondiale, combinés au retour des conflits armés, aux risques géopolitiques croissants, entraînent un risque de dislocation économique et sociale.

S’adapter à ces transitions multiples n’est plus une option, mais une nécessité. Comment, face à ces nouveaux défis, renforcer notre cohésion et préserver notre futur ?

 

L’électricité demain, parti pris ou solution ?

 

Ainsi avons-nous écouté, en mars, Denis KLEIN, ingénieur,  qui, jusqu’à son départ en retraite, dirigeait le secteur Energie de Siemens après y avoir, notamment, animé la direction des Grands Comptes de l’Industrie et de l’Energie.

Il apporta des éléments de réflexion permettant à chacun de se forger une opinion sur les sources d’énergie pour demain : au-delà des choix actuels, quelles sont les nouvelles pistes de production et de stockage envisageables ?

Les énergies fossiles semblent devoir être abandonnées. L’électricité paraît aujourd’hui la solution la plus adaptée pour concilier besoins, développement et environnement. La France a investi massivement dans la production nucléaire et envisage, après une période de doutes, la poursuite de cet investissement tout en développant l’éolien et le solaire.

À la question : comment relever les défis de demain,  il affirma une conviction :

- Je suis très optimiste, les capacités scientifiques atteintes aujourd’hui sont considérables. Elles permettront d’assurer la fourniture de l’énergie électrique dont l’humanité a besoin pour poursuivre le développement auquel elle aspire sans détruire ni même épuiser les ressources naturelles. (…) Les solutions sont à notre portée.  Et je crois préférable de réserver à l'agriculture les ressources biologiques issues de la terre. Les surfaces cultivables doivent pouvoir subvenir à l’alimentation de bientôt 9 milliards d’êtres humains ! (…).

 

Les entreprises face au changement climatique :

s’adapter ou disparaitre ?

 

En juin, Thierry LEBRUN nous a fait partager son expérience de travail avec les entreprises afin de faciliter leur adaptation au changement climatique. Ingénieur agronome de formation, il est actuellement directeur de la Banque des transitions au Crédit Agricole Nord de France et conduit un chantier de transformation de la banque au service de la transition climatique de ses clients.

Les entrepreneurs, quel que soit leur secteur d’activité ou la taille de leur entreprise, doivent changer leurs conditions de développement. S’adapter à la nouvelle donne ou risquer de disparaitre, tel est le défi. Il ne peut se relever individuellement : les concurrents d’hier sont condamnés à coopérer. C’est à une révolution économique et sociale que nous avons à faire face. Elle exige de réapprendre ce que l’on croyait comprendre : rien ne marchera plus comme avant.

Un futur proche ou lointain ?

À quelle échéance se préparer au changement climatique ? Le GIEC a alerté : le rythme de hausse de la température globale conduit à dépasser un seuil de 1,5°, ce qui aura des impacts irréversibles sur l’alimentation, l’eau, l’habitat. La fréquence et l’intensité des « anomalies climatiques » - vagues de chaleur ou de froid, sécheresses, incendies, inondations, tempêtes - vont s’accentuer. L’écosystème planétaire atteint des « points de basculement » qui rendent la situation irréversible : l’humanité court-elle à sa perte ?

Mobilisation générale !

L'Union européenne, avec le Pacte vert européen, a rehaussé son objectif - transformer l’économie de l’UE pour un avenir durable - en visant une réduction des émissions nettes de gaz à effet de serre à au moins 55 % d’ici 2030 par rapport à 1990. Au niveau national, la loi climat et résilience définit une série de mesures touchant la consommation, le logement, les déplacements, l’éducation. Elle vise une baisse d’au moins 40 % des émissions de ces gaz d’ici 2030 par rapport à 1990. Repenser l’adaptation des entreprises est crucial. Trois types de risques les menacent : risques physiques liés aux conséquences du changement climatique, risques de transition vers une économie bas-carbone, risques de réputation induits par l’inaction.

Quel rôle pour la Banque ?

La finance durable recouvre la gestion des risques climatiques et environnementaux, la conformité aux nouvelles règlementations et les offres des banques en faveur de la transition. Jusqu’alors, les bilans et comptes de résultats étaient exclusivement financiers. ‘L’extra financier’ - environnement, social, gouvernance - doit y prendre sa place. Ainsi le Crédit Agricole a-t-il mis en place un programme autour de 3 priorités : Climat, Inclusion et cohésion sociale, Transition agricole et agro alimentaire.

Nous devons reconsidérer notre façon de vivre, de nous nourrir, de nous loger, de nous déplacer. Et Thierry Lebrun, lui aussi, l’affirme : l’optimisme est une exigence.

 

La guerre de l’eau n’aura pas lieu : comment préserver et partager une ressource vitale ?

 

En octobre, une conférence de Thierry BURLOT, Président du comité de bassin Loire Bretagne et du Cercle français de l’eau nous a sensibilisés à la gestion de nos ressources en eau, menacées par le dérèglement climatique accélérant la fréquence des inondations comme des sécheresses. Or, ces ressources sont essentielles pour notre santé, notre biodiversité, nos biens communs. Elles sont aussi déterminantes pour notre développement économique : l’agriculture, l’industrie, l’énergie en dépendent. Cette ressource n’est pas inépuisable : il va falloir la préserver la ménager et la partager au risque de vivre la guerre de l’eau.  L’Europe et la France sont touchées (1/3 du territoire européen est exposé au stress hydrique). La question de l’usage de l’eau y est posée : qui est prioritaire lorsqu’on ne peut plus parler de son abondance ? En France, où 5,4 milliards de m3 d’eau douce sont consommées chaque année, l’agriculture en est la 1ère consommatrice avec 45%, suivie pour 31% par  les centrales électriques (refroidissement), la production d’eau potable pour 21%, les usages industriels en mobilisant 4% (source : ministère de la Transition écologique, chiffres 2020). L’agence de l’eau aide les collectivités, les acteurs économiques et agricoles à améliorer la qualité de l’eau, devenue un critère aussi important que sa quantité. S’agissant de la communauté d'agglomération de la Région Nazairienne et de l'Estuaire, la Carène, elle prend en charge l'alimentation en eau des 10 communes la constituant,  soit 17 millions de m3 d'eau par an produits, transportés sur 856 km de canalisation et distribués à 60 000 abonnés et à 33 industriels.

Thierry BURLOT, comme les conférenciers qui l’ont précédé, insiste sur l’urgence d’une action concertée, à laquelle nous pouvons tous contribuer. Elle est la condition de l’espoir collectif.

 

À l’heure de la COP 28 à Dubaï, occasion pour nombre de scientifiques de réclamer des mesures radicales, immédiates, concrètes, cet espoir est-il raisonnable ? Nous voulons partager « l’optimisme prudent » de Jared DIAMOND biologiste et géographe américain, auteur en 2005 d’Effondrement qui salue la bonne gestion des ressources en France et prône le développement massif des énergies renouvelables.

Parce que les transitions que nous vivons sont non seulement climatiques et économiques mais aussi sociales, nous avons, pour en parler,  invité Irène  THÉRY le 22 mars 2024.

Sociologue spécialisée dans le droit de la famille et de la vie privée, elle a occupé de nombreuses fonctions dont celle de directrice d'études de l'EHESS[1] jusqu’à mi 2022.  Elle travaille sur les transformations contemporaines des liens entre les sexes et les générations, sur les recompositions familiales et les nouvelles filiations. Elle a publié (ou contribué à) de nombreux ouvrages parmi lesquels : Le Démariage : justice et vie privée, Odile Jacob 1993, Malaise dans la filiation, Esprit 1996  Qu'est-ce que la distinction de sexe ? Yapaka (Bruxelles) 2010, et, récemment : Moi aussi : La nouvelle civilité sexuelle Le Seuil  2022.

Retenez d’ores et déjà la date du 22 mars 2024 pour explorer avec nous Les transitions sociétales, ou l’humain dans tous ses états !

 

Car les Rendez-vous SMLH se poursuivent bien sûr en 2024 ! Ils sont conviviaux, détendus, et portent sur des sujets majeurs, culturels ou historiques, à l’instar de la dernière rencontre de 2023 sur le thème : La Bretagne dans la guerre d’indépendance américaine (1775/1783). Si tous connaissent le rôle de la Fayette dans les armées de Washington, beaucoup ignorent celui de la Bretagne, première province maritime de France, Nantes, grand port atlantique, Brest et son arsenal, Saint Malo et Lorient. Andréa LE MASNE, Professeur d’histoire et de géographie à Nantes, qui poursuit à la retraite ses recherches en histoire du XVIIIème siècle a mis en lumière le très actif engagement des Bretons dans ces événements.

La question de sa passion pour l’histoire lui a été posée. Sa réponse rappelle, s’il en était besoin, l’importance d’étudier notre passé pour mieux appréhender notre présent :

- L’histoire et la géographie (…) sont des disciplines essentielles à la construction permanente de l’être humain en ce qu’elles donnent le sens et le recul nécessaires à la compréhension du monde, qu’elles développent le discernement et l’esprit critique dans le respect de l’autre.

Vous avez apprécié les Rendez-vous SMLH de 2023 ? Retrouvez-les en 2024 !

 

 

Philippe LEROUX, président du comité SMLH de St Nazaire et tous les membres du Bureau vous souhaitent une heureuse année et vous assurent de leur engagement au service de l’intérêt général.

 

Synthèse : Sylvie LAINÉ contribution de Danielle GILLES-GARAUD pour les interviews.

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[1] Ecole des hautes études en sciences sociales.