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REPENSER LE CONSENTEMENT, le 22 mars 2024, une conférence très animée !

Publié le 25 mars 2024
Crédit: Photo Sylvie Lainé

Le 22 mars dernier, les propos d’Irène Théry ont passionné les 45 participants de sa conférence tenue à Pornichet, à l’initiative de la SMLH et de l’ONM. Sociologue du droit, spécialiste de la famille, elle a évoqué l'histoire du consentement, et son évolution. Ainsi a-t-elle permis à l’auditoire de comprendre le mouvement #MeToo.

À l’issue du débat, Irène Théry, avec 3 questions, a ouvert quelques perspectives.

1. Les médias évoquent un nouveau "MeToo garçons", qu'en pensez-vous ? 

« Le mouvement MeToo dénonçait les "violences faites aux femmes" car ce sont d'abord elles les victimes. Il était temps que des hommes victimes s'expriment. N'oublions pas qu'existe depuis des années l'immense chaine de témoignages des victimes d'abus sexuels dans l'Eglise : ce sont des garçons dans l'immense majorité des cas, et il n'y a aucune raison de les exclure de MeToo ! »

2. Comment, à votre sens, vont évoluer les comportements dessinant une nouvelle «civilité sexuelle» ? Les estimez-vous suffisamment stables pour esquisser une tradition durable dans les relations intimes ? 

« MeToo est un mouvement social international, non organisé.  Il a deux slogans, "La honte doit changer de camp" et " Plutôt que de protéger vos filles, éduquez vos garçons". Sur ce plan de l'éducation des garçons vers une nouvelle civilité fondée sur le respect d'autrui,  presque tout reste à faire. On constate d'énormes différences sociales,  et la violence machiste, la montée du porno raciste et sexiste chez les jeunes, inquiètent, sans parler du renouveau de visions très traditionalistes d'enfermement des filles et des femmes. »

3. On parle d’un « néo féminisme », qui se radicaliserait. Validez-vous cette tendance ?

« Je vois bien que les nouvelles générations féministes, dont je soutiens le combat, ont tendance à employer un langage identitaire, qui oppose les hommes et les femmes,  les "dominants" et les "dominées", comme s'il fallait voir en tout homme un violeur en puissance.  Mais est-ce qu'elles le croient vraiment ? J'en doute. Et je propose une autre approche, non pas identitaire mais relationnelle : ce qu'il faut changer c'est la "règle du jeu" inégalitaire qui, pendant des siècles, a opposé une sexualité masculine de "conquête" et une sexualité féminine de "citadelle". Cela a faussé toute la vision du consentement ! ».

En savoir plus avec le dernier livre d’Irène Théry  « Moi aussi, la nouvelle civilité sexuelle » (Seuil, 2022). 

Propos recueillis par Sylvie Lainé, Comité deSt Nazaire